Chiara Sottocorona
Journaliste free-lance, collaboratrice au quotidien italien Il Corriere della Sera.
Comment Google répond-t-il aux nouveaux défis de l’intelligence artificielle ?
Même au World Economic Forum, qui s’est tenu à Davos à la mi-janvier, l’IA générative a fait le buzz parmi les PDG des grandes entreprises. Satya Nadella, présent au Forum, a vanté les nouvelles capacités du ChatGPT d’OpenAI (financé par Microsoft et accessible depuis Cloud Azure) qui lui permettront bientôt de transformer ses produits, d’Office au moteur de recherche Bing.
Alors que son rival Sundar Pichai, PDG d’Alphabet, a publié le 16 janvier sur son blog un message intitulé « Pourquoi nous parions sur l’IA », ignorant toute controverse sur les merveilles du chat en langage naturel et soulignant au contraire certains des défis les plus importants pour la planète et l’humanité qui peuvent être relevés avec l’aide de l’intelligence artificielle.
Tout d’abord, M. Pichai a rappelé que l’IA est à la base de tous les produits les plus utilisés que Google met à la disposition de tous ses utilisateurs : moteur de recherche, cartes, traduction, photos, cloud, espace de travail.
« Nous avons été à l’avant-garde de l’élargissement de la frontière de l’intelligence artificielle grâce à nos recherches avancées pour développer une IA plus performante et plus utile », a-t-il réaffirmé. « Nous pensons que l’IA est une technologie fondamentale et transformatrice qui apportera des avantages significatifs et utiles aux personnes et à la société : elle a le potentiel pour aider à relever les défis les plus pressants de notre société. »
C’est comme dire, assez de jouer à interroger le ChatGPT, voyons des horizons plus larges et des utilisations plus bénéfiques. Le lendemain, l’équipe de Google a publié une série de rapports sur la manière dont elle utilise l’IA pour résoudre les grands défis sociaux. Voici quelques-uns des exemples concrets les plus importants liés aux questions de changement climatique.
L'IA a le potentiel pour aider à relever les défis les plus pressants de notre société.
1) Systèmes d’alerte en cas d’inondation.
L’initiative de prévision des inondations a débuté en 2018 et en 2021 le système était déjà opérationnel dans des dizaines de pays, couvrant des zones habitées par 360 millions de personnes. Les algorithmes ont permis de transmettre 115 millions d’alertes. En 2022, a été mis en place le Google Flood Hub, basé sur des cartes et intégré aux prévisions météorologiques, qui donne des indications très localisées sur la montée des eaux avec des prévisions horaires.
2) Détection en temps réel des extension des incendies.
« Nous utilisons l’imagerie satellitaire pour créer des modèles qui permettent à l’intelligence artificielle de montrer sur des cartes l’étendue et les limites des incendies à mesure qu’ils se développent », expliquent les chercheurs. « L’année dernière, nous avons contribué à informer les habitants et la population lors de plus de 30 incendies aux États-Unis et au Canada. Récemment, nous avons également étendu le projet au Mexique et à certaines parties de l’Australie.
3) Lutter contre les infestations de parasites dans les cultures.
« Nous travaillons avec l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture pour détecter et prévenir les invasions de criquets en Afrique », explique l’équipe de Google AI. « En Inde, nous avons soutenu Wadhwani AI pour créer une application qui aide à identifier et à traiter les invasions de parasites, ce qui a conduit à une réduction de 20 % de l’utilisation des pulvérisations de pesticides. »
4) Google Hearth pour la préservation de la vie sauvage.
L’IA aide à trouver et à cartographier les espèces menacées et les zones de vie sauvage de la planète en vue de leur conservation. Quatre millions et demi d’images d’animaux ont été recueillies par le programme Wildlife Insight, qui rassemble et agrège dans le cloud des photos provenant de pièges photographiques installés en divers endroits de la Terre pour observer les mouvements des animaux sauvages. « Avec l’aide d’experts humains, des milliers d’images par heure sont téléchargées depuis différents endroits de la planète », expliquent les chercheurs. « La plateforme Google AI Predictions est capable d’analyser et de classer 3,6 millions de photos par heure sur 614 espèces identifiées et suivies. » Il s’agit d’un projet open-source auquel peuvent accéder les biologistes, les gestionnaires de forêts, les militants du World Wildlife Fund et les responsables des agences internationales de conservation des espèces animales.
