LES NOUVEAUX ENJEUX GÉOPOLITIQUES DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

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LES NOUVEAUX ENJEUX GÉOPOLITIQUES DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Bernard Benhamou

Secrétaire général de l’Institut de la Souveraineté Numérique

Les technologies d’intelligence artificielle sont sur le point de transformer la quasi-totalité des domaines de l’activité de nos sociétés. Mais, au-delà de leurs conséquences économiques, sociales ou même culturelles, les IA représentent désormais un enjeu géopolitique lié à la compétition économique et militaire entre les États-Unis et la Chine. À l’ère des nouvelles guerres hybrides, les IA pourraient ainsi jouer un rôle crucial dans la redéfinition des rapports de force mondiaux.

De l’optimisation des processus industriels à la maîtrise de l’énergie en passant par la prévention et le diagnostic précoce des pathologies, l’intelligence artificielle constitue la nouvelle étape de transformation des technologies numériques. Mais, avec l’essor des IA génératives 1, ces technologies pourraient aussi transformer nos rapports à la création et à la diffusion des informations. Ainsi, il y a huit ans, Sundar Pichai, PDG de Google, décrivait les évolutions de ces technologies en ces termes : « La prochaine grande étape des technologies correspondra à la disparition des appareils eux-mêmes. Au fil du temps, l’ordinateur (quelle que soit sa forme) deviendra un assistant intelligent qui vous aidera tout au long de votre

journée. Nous allons passer de l’ère du mobile à l’ère de l’intelligence artificielle… 2» Pour Mustafa Suleyman, le cofondateur de la société DeepMind (devenue filiale de Google), l’IA n’est pas une technologie de plus mais plutôt une vague de fond appelée à transformer l’ensemble des secteurs économiques et plus largement l’ensemble de nos sociétés : « L’IA n’est pas seulement un outil ou une plateforme, c’est une métatechnologie transformatrice, la technologie derrière la technologie et tout le reste, elle-même productrice d’outils et de plateformes ; ce n’est pas seulement un système, c’est une génératrice de systèmes en tous genres.3. » Cependant, la facilité avec laquelle les technologies d’IA peuvent devenir des instruments d’aide à la décision ou à la mise en œuvre d’actions militaires fait de ces technologies un enjeu géopolitique, en particulier dans la confrontation entre les États-Unis et la Chine. Ces technologies d’IA permettent désormais l’analyse en temps réel des zones de conflit, mais aussi le guidage des missiles, la coordination des essaims de drones ou encore la conception d’armes « intelligentes » entièrement autonomes 4. Le double usage (civil et militaire) des technologies d’IA pourrait ainsi avoir d’importantes répercussions sur les rapports de force entre puissances dans les années à venir.

Des guerres pour l’IA… aux guerres via l’IA

Parallèlement à leur contribution à de nouvelles formes de suprématie économique, les technologies d’intelligence artificielle ont déjà un impact crucial sur la conception des armements et la conduite des opérations militaires (simulations plus immersives, optimisation du traitement des données radars, sonars et coordination de la cyberdéfense…). Avec la guerre en Ukraine, ces technologies ont fait la démonstration qu’elles étaient désormais devenues essentielles pour la conduite des opérations sur les

théâtres de conflits 5. Un autre volet géopolitique de l’IA concerne les technologies qui permettent de renforcer le contrôle idéologique et politique des populations. Ainsi, en 2017, c’est en ayant aussi à l’esprit les perspectives de contrôle politique et idéologique qu’un certain Vladimir Poutine déclarait : « L’intelligence artificielle représente l’avenir, non seulement pour la Russie mais pour l’humanité tout entière. […] La nation qui sera leader dans le domaine de l’intelligence artificielle dominera le monde… 6 » De la détection précoce de la dissidence sur les réseaux sociaux jusqu’au suivi et au contrôle des activités des personnes en temps réel via la reconnaissance faciale, l’IA constitue un élément clé pour assurer la pérennité des régimes autoritaires. Dans le même temps, les IA ont permis la « démocratisation » des opérations de désinformation et d’ingérence à grande échelle conçues pour affaiblir les démocraties. Il est ainsi devenu possible de mettre en œuvre de manière entièrement automatisée des campagnes de désinformation et de propagande qui touchent des millions d’individus. Et ce sans que les personnes visées ne puissent se rendre compte que les messages qu’elles reçoivent sont issus d’une intelligence artificielle 7. Ainsi, comme le rappelaient Henry Kissinger, Eric Schmidt et Daniel Huttenlocher dans leur ouvrage « L’Âge de l’IA », nos démocraties ouvertes, dont les rouages économiques et politiques reposent massivement sur les technologies numériques, constituent des cibles de choix pour des entités étrangères hostiles ou des organisations terroristes 8.

Ralentir… mais pas étou1er les technologies d’IA chinoises

L’intelligence artificielle est ainsi devenue l’une des composantes majeures de l’affrontement entre les États-Unis et la Chine, ce que certains nomment désormais la « guerre froide 2.0 ». Mais, au-delà du conflit économique, c’est la confrontation militaire

directe entre les États-Unis et la Chine que certains appréhendent désormais. Cette confrontation pourrait avoir pour point de départ une attaque de l’île de Taïwan. C’est d’ailleurs à Taïwan que les puces de haut niveau nécessaires au fonctionnement des IA sont produites dans leur immense majorité par TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company).

Pour l’administration américaine, la crainte d’une suprématie chinoise sur l’IA est double : que les technologies d’IA ne permettent à l’armée chinoise de rattraper son retard sur les technologies militaires américaines et que ces IA ne permettent à la Chine d’accélérer son développement économique au point de dépasser les États-Unis. Ainsi, la première riposte américaine a porté, en octobre2022, sur les investissements américains dans les sociétés chinoises d’IA9. Ce que le Center for Strategic and International Studies (CSIS) décrivait en ces termes: «L’administration Biden dit essentiellement à la Chine : “Si votre politique est la fusion entre [technologies] militaires et civiles, le seul moyen réaliste de mettre en œuvre notre politique de non-usage militaire de ces ressources est de mettre fin à toutes ventes à la Chine, et nous sommes désormais prêts à franchir ce pas 10.” »

Les États-Unis ont ainsi établi un quasi-embargo vis-à-vis de la Chine sur les technologies critiques pour la conception et le développement de l’intelligence artificielle: microprocesseurs de haut niveau, supercalculateurs et modèles d’intelligence artificielle. Les mesures de rétorsion décidées par la Chine ont alors pris la forme d’une limitation à l’exportation de certains métaux critiques indispensables à la fabrication de composants technologiques.

L’embargo américain sur les puces de haut niveau constitue un défi stratégique pour le développement de l’intelligence artificielle en Chine. Les efforts des États-Unis pour empêcher leur concurrent de se procurer les puces les plus avancées sont perçus par

les autorités chinoises comme des atteintes intolérables au développement économique du pays. Face aux risques de décrochage économique en matière d’IA, l’ambassadeur de Chine aux États-Unis, Xie Feng, décrivait la situation en ces termes : « C’est comme si dans une compétition de natation on obligeait l’adversaire à porter un maillot de bain dépassé alors que l’on porterait soi-même un Speedo 11… »

Des technologies centrales pour le développement durable

Les IA sont particulièrement consommatrices en ressources de calcul et donc en énergie (durant les phases d’apprentissage de modèles d’IA mais aussi lors de l’exécution des requêtes), et sont aussi exigeantes en matières premières coûteuses pour la fabrication des puces graphiques de haut niveau. Paradoxalement, ces technologies d’IA constituent également un élément important dans la trajectoire « bas carbone » des autres filières industrielles. En effet, l’IA est amenée à jouer un rôle déterminant dans la détection des gisements de matières premières critiques nécessaires à la production des énergies renouvelables. Et, comme le précise Jef Caers, professeur en sciences de la Terre à l’université Stanford, l’IA pourrait aussi occuper une place essentielle dans l’optimisation énergétique des processus de traitement de ces métaux 12. Il est à noter que ce sont des technologies d’IA développées dans le domaine militaire (en particulier dans le cadre de la lutte antiterroriste) qui ont par la suite donné naissance à des technologies à usage civil permettant de détecter les gisements de métaux rares.

La dépendance croissante de nos économies aux matières premières critiques est telle que le secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Mathias Cormann, émettait un avertissement sur les conséquences écologiques des restrictions de ces exportations: « Relever le défi de la neutralité des émissions de CO2 nécessitera une nette montée en puissance de la production et des échanges internationaux de matières premières critiques. Les

responsables de l’action publique doivent examiner de près la façon dont la concentration de la production et des échanges ainsi que le recours accru aux restrictions à l’exportation influent sur les marchés internationaux des matières premières critiques. Nous devons veiller à ce qu’aucune pénurie de matières ne nous empêche de tenir nos engagements climatiques 13. »

Le « friendshoring », ou la fin de la globalisation ?

Les mesures d’embargo prises par les États-Unis ne font pas l’unanimité quant à leur effet sur le long terme. Ainsi, pour Peter Wennink, PDG de la société néerlandaise ASML, qui produit les machines nécessaires à la fabrication des microprocesseurs de haut niveau, « il y a 1,4 milliard de Chinois, dont beaucoup sont intelligents. Ils proposent des solutions auxquelles nous n’avions pas encore pensé. Vous les forcez [en raison de l’embargo] à devenir très innovants 14 ». Ce risque est aussi confirmé par Ben Buchanan, conseiller spécial de la Maison-Blanche pour l’IA : « Il est en effet possible que des contrôles stricts des exportations offrent un avantage à court terme, mais entraînent des inconvénients à long terme. En coupant l’accès de la Chine aux puces, la Chine serait immédiatement incitée à investir encore plus dans la construction d’une industrie nationale pour les microprocesseurs. En effet, les acheteurs chinois n’auraient alors plus accès aux puces étrangères, l’industrie que la Chine a tenté de construire (et largement échoué à le faire) pourrait finalement prospérer. Les fabricants de puces américains et des pays alliés verraient également leurs revenus diminuer considérablement, ce qui pourrait les empêcher d’investir dans la recherche et le développement qui leur permettent de conserver leur avance technologique 15… ».

Il est à noter que l’Union européenne et les États-Unis ne partagent pas les mêmes objectifs stratégiques vis-à-vis de la Chine. Pour les États-Unis, il est d’abord question de limiter les ambitions des autorités chinoises dans les domaines militaire et économique. Des ambitions pour lesquelles les avancées de l’intelligence artificielle constituent un élément central. Pour les pays de l’Union européenne, il est davantage question d’un rééquilibrage des échanges avec la Chine, souvent considérés comme déloyaux 16.

Une autre conséquence de la guerre en Ukraine correspond à la remise en cause des échanges économiques avec des pays qui constituent désormais de nouveaux risques géopolitiques pour les États-Unis. Cette nouvelle réalité géopolitique se traduit par de profondes modifications des règles qui prévalaient depuis l’effondrement du bloc soviétique. Celles-ci induisent désormais la remise en question du mouvement de globalisation économique amorcé depuis l’après-guerre avec la création de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) en 1947, devenu en 1995 l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette reconfiguration du commerce mondial que la secrétaire au Trésor américaine, Janet Yellen, nomme désormais le « friend-shoring » (ou « ally-shoring »), par opposition à l’« offshoring » (ou délocalisation), et qu’elle résume ainsi: «Le “friend-shoring” signifie que [l’activité économique se construira] au sein d’un groupe de pays qui adhèrent fortement à un ensemble de normes et de valeurs liées à leur façon de […] mener le système économique mondial, et nous devrons renforcer nos liens avec ces partenaires et travailler ensemble pour veiller à ce que nous puissions répondre à nos besoins en matériaux critiques 17… »

Cette reconstitution de deux blocs économiques antagonistes suscite des craintes auprès des économistes qui évoquent les risques d’une confrontation sino-américaine que les hauts responsables chinois, surnomment déjà le « rideau de silicone ». Ainsi, comme le rappelle Solveig Godeluck dans Les Échos, « la division du monde commercial

en deux blocs, les amis et les non-amis, aurait un coût économique non négligeable. Le commerce international serait pénalisé “dans la mesure où les pays en développement non alignés seront exclus de l’orbite du friend-shoring”, souligne le Center for Strategic and International Studies (CSIS). L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a d’ailleurs estimé que le commerce entre blocs réduirait d’environ 5 % le PIB mondial à long terme…»18

L’a1rontement entre les modèles technologiques et juridiques américains, chinois… et européens


Selon Anu Bradford, professeure de droit international à l’université Columbia, « certains commentateurs décrivent l’Europe comme une « victime de la guerre technologique entre les États-Unis et la Chine » ou comme “une colonie prise entre les États-Unis et la Chine 19 », avec « moins de pouvoir de négociation pour déterminer son propre destin numérique » et donc obligée de “faire un choix” entre les États-Unis et la Chine 20 ». Mais, dans le même temps, une autre guerre a commencé : celle de l’influence « horizontale » des modèles de technologie promus par la Chine et les États-Unis. La confrontation entre ces deux pays pourrait à terme faire dévier le développement de l’IA dans de nombreux pays. Les pays démocratiques optant alors pour une régulation issue des textes européens plutôt que d’adopter des technologies sous intense contrôle étatique chinois ou de grandes plateformes américaines avec leurs risques avérés de dérives. La plupart des pays démocratiques ont ainsi pu constater l’échec de l’autorégulation des grandes plateformes technologiques. Ces plateformes ont en effet été confrontées à de nombreux scandales qui ont altéré leur image auprès des démocraties. Ainsi, l’utilisation incontrôlée des données personnelles dans l’affaire Cambridge Analytica, l’usage de ces plateformes par des groupes extrémistes à des fins d’insurrection lors de l’assaut du

Capitole de Washington, le 6 janvier 2021, ou les accusations de complicité de nettoyage ethnique en Birmanie portée contre Facebook ont profondément modifié la perception de ces plateformes par les responsables politiques.

L’influence européenne, qu’Anu Bradford nomme l’« effet Bruxelles », traduit l’impact des régulations technologiques européennes au-delà des frontières de l’Union. Il existe un effet de levier reconnu des normes européennes sur les lois élaborées sur le numérique dans le reste du monde. Dans son ouvrage Digital Empires, Anu Bradford décrit l’obligation, y compris pour les États-Unis, de s’inspirer des formes européennes de régulation, en particulier pour l’IA, plutôt que de continuer à prendre les risques associés à l’absence de régulation des grandes plateformes. Les textes européens apparaissent plus protecteurs des libertés que les autres régulations élaborées dans le monde. Cela a été le cas notamment pour le règlement général sur la protection des données (RGPD, 2018), dont les principes ont été repris dans plus de 17 pays et territoires dans le monde : de la Californie au Brésil, l’Inde et même la Chine. Il est à noter que la loi chinoise sur les données personnelles (PIPL, pour Personal Information Protection Law), adoptée en août 2021, s’applique aux individus comme aux entreprises et même aux administrations de l’État chinois. Cependant des exceptions existent si les contraintes liées au traitement des données personnelles des citoyens chinois «venaient à empêcher les administrations d’exercer leurs missions statutaires…»21

À l’inverse, les responsables politiques des régimes autoritaires choisiront les technologies et les régulations chinoises, qui leur assureront un contrôle toujours plus strict de leurs populations. Leur souhait étant, grâce à ces technologies, de réduire la démocratie à un « narratif » comme les autres, de surcroît moins « efficace » que les formes autoritaires de gouvernement. En effet, en s’appuyant sur les technologies chinoises, comme celle du « crédit social », ils peuvent bénéficier de l’expérience la plus massive d’ingénierie sociale fondée sur les technologies d’IA : reconnaissance faciale, analyse des activités individuelles et contrôle des individus via la notation de leur

comportement économique, social et politique au sein de la société chinoise. Le crédit social exploite l’ensemble des données recueillies sur l’activité des personnes et pourrait même à terme intégrer leurs profils génétiques 22.

Vers une « troisième voie » éthique pour les IA européennes

Par sa logique d’encadrement des pratiques à risque en matière d’IA, l’Artificial Intelligence Act (adopté par le Conseil européen en mai 2024) a pour objectif d’éviter l’évolution vers un contrôle autoritaire des populations comme celui mis en place par le crédit social en Chine. L’AI Act aura également pour conséquence le développement auprès des entreprises et des administrations des compétences dans le domaine de l’éthique de l’IA, et aussi à terme d’activités économiques liées aux IA éthiques.

Un autre aspect crucial des politiques industrielles technologiques sera lié à une meilleure articulation entre recherches civiles et militaires. En effet, de nombreuses technologies fondamentales de l’Internet ont d’abord été développées dans le domaine militaire. Ainsi, comme le rappelle l’économiste Mariana Mazzucato, « il n’y a pas une seule technologie de l’iPhone qui n’ait été financée par l’État fédéral américain [en particulier par la recherche militaire]. Cela inclut les technologies des réseaux sans fil, l’Internet, le GPS, l’écran tactile et, plus récemment, l’assistant personnel à commande vocale Siri 23 »…



Pour participer pleinement aux évolutions des IA afin qu’elles soient à la fois durables et protectrices des libertés, l’Europe doit ainsi instaurer une politique industrielle d’une ampleur inédite. En effet, au-delà des textes de régulation des technologies, seule une démarche d’investissement commune permettra de développer en Europe de futures générations de technologies éthiques fondées sur l’IA. Cela nécessitera de la part des Européens un effort de même nature que celui

fourni lors de la pandémie de Covid-19. Là encore, l’urgence liée aux crises géopolitiques déjà ouvertes en Europe et l’imminence possible d’autres conflits dans le monde rendront plus nécessaire encore ce volontarisme industriel européen tout particulièrement dans le domaine de l’intelligence artificielle.



1 En particulier les « grands modèles de langage » (ou large language models) comme ChatGPT d’OpenAI ou Gemini de Google, mais aussi les IA destinées à la création d’images ou de vidéos à partir de textes comme Midjourney, Stable Diffusion, DALL·E 3, etc. 

2 Sundar Pichai PDG de Google, Lettre des fondateurs du 28 avril 2016 https://googleblog.blogspot.fr/2016/04/this-years-founders-letter.html
3 Mustafa Suleyman et Michael Bhaskar, The Coming Wave. Technology, Power, and the Twenty-first Century’s Greatest Dilemma, Crown, New York, 2023.
4 Jonah M. Kessel, Natalie Reneau et Melissa Chan, « A.I. Is Making It Easier to Kill (You). Here’s How », The New York Times, 13 décembre 2019 ; https://www.nytimes.com/video/technology/100000006082083/lethal-autonomous-weapons.html.

5 Jeremy Wagstaff, « Une nouvelle forme de guerre », Fonds monétaire international, décembre 2023 ; https://www.imf.org/fr/Publications/fandd/issues/2023/12/Case-Studies-New-model-army-Jeremy- Wagstaff.
6 James Vincent, « Putin says the nation that leads in AI “will be the ruler of the world” », The Verge,

4 septembre 2017 ; www.theverge.com/2017/9/4/16251226/russia-ai-putin-rule-the-world.
7 M. J. Banias, « Inside Countercloud: A Fully Autonomous AI Disinformation System », The Debrief, 16 août 2023 ; thedebrief.org/countercloud-ai-disinformation.
8 HenryKissinger,EricSchmidtetDanielHuttenlocher,TheAgeofAI:AndOurHumanFuture,Little, Brown and Company, New York, 2021.

9 « Biden bans range of US high tech investments in China citing national security risk », The Guardian, 9 août 2023 ; https://www.theguardian.com/world/2023/aug/09/biden-executive-order-us-investment- chinese-technology.
10 Gregory C. Allen, « Choking off China’s Access to the Future of AI », Center for Strategic and International Studies, 11 octobre 2022, traduction de l’auteur ; www.csis.org/analysis/choking-chinas- access-future-ai.

11 Demetri Sevastopulo « China warns of retaliation to US curbs on investment and chips », Financial Times, 19 juillet 2023 ; www.ft.com/content/ad1350b9-0e4b-40a4-bb70-4c236e513e7a.
12 « Can AI Help Us Go Green? », entretien avec Jef Caers, Techsequences, 19 juillet 2023 ; www.techsequences.org/podcasts/2023/07/can-ai-help-us-go-green.

13 « Approvisionnements en matières premières critiques : les risques pour la transition verte », OCDE, 11 avril 2023 ; www.oecd.org/fr/presse/approvisionnements-en-matieres-premieres-critiques-les- risques-pour-la-transition-verte.htm.
14 Rajeswari Pillai Rajagopalan, « AI Chips for China Face Additional US Restrictions », The Diplomat,

5 avril 2024 ; https://thediplomat.com/2024/04/ai-chips-for-china-face-additional-us-restrictions/.
15 Ben Buchanan et Andrew Imbrie, The New Fire. War, Peace, and Democracy in the Age of AI, MIT Press, Cambridge (Massachusetts), 2022, traduction de l’auteur.

16 Voir Matthew Eitel, « US China Tech Controls Face Problematic Diagnosis », Center for European Policy Analysis, 13 mai 2024 ; https://cepa.org/article/us-china-tech-controls-face-problematic-diagnosis.
17 « US Treasury Secretary Janet Yellen on the next steps for Russia sanctions and “friend-shoring” supply chains », Atlantic Council, 13 avril 2022 ; www.atlanticcouncil.org/news/transcripts/transcript-us- treasury-secretary-janet-yellen-on-the-next-steps-for-russia-sanctions-and-friend-shoring-supply- chains.

18 Solveig Godeluck, « Washington promeut un nouvel ordre commercial mondial avec le “friend-shoring” », Les Échos, 7 février 2023 ; www.lesechos.fr/monde/etats-unis/washington-promeut-un-nouvel-ordre- commercial-mondial-avec-le-friend-shoring-1904348.
19 Voir sur ce point Catherine Morin-Desailly, « L’Union européenne, colonie du monde numérique ? », rapport remis au Sénat le 20 mars 2013 ; https://www.senat.fr/rap/r12-443/r12-443.html.

20 Anu Bradford, Digital Empires The Global Battle to Regulate Technology, Oxford University Press, 2023.

21 Jamie P. Horsley, « How will China’s privacy law apply to the Chinese state? », New America, 26 janvier 2021 ; www.newamerica.org/cybersecurity-initiative/digichina/blog/how-will-chinas-privacy-law-apply- to-the-chinese-state.

22 Sui-Lee Wee, « China is Collecting DNA From Tens of Millions of Men and Boys, Using U.S. Equipment », The New York Times, 17 juin 2020 ; https://www.nytimes.com/2020/06/17/world/asia/China-DNA- surveillance.html.
23 Mariana Mazzucato, citée par Amanda Schaffer, « Tech’s Enduring Great-Man Myth », MIT Technology Review, 4 août 2015 ; www.technologyreview.com/2015/08/04/166593/techs-enduring-great-man-myth.