En février dernier, Cannes a accueilli la 3e édition du World Artificial Intelligence Cannes Festival au palais des Festivals et des Congrès, communément raccourci en WAICF avec des prononciations plus heureuses que d’autres. Organisé par RX France pour la première année, qui a racheté l’agence Corp Event qui avait organisé les deux premières éditions, cet événement B2B sur deux jours, ouvert au grand public le samedi, a présenté les innovations majeures des IA en sensibilisant les visiteurs aux multiples enjeux de ces technologies. Belle cuvée que celle de 2024 puisque le salon a rassemblé plus de 230 entreprises exposantes, 300 intervenants internationaux et 16 000 visiteurs.

250 conférences se sont enchaînées pendant ces trois jours, entre keynotes et panels. Quelles interactions entre les chercheurs et ceux qui développent des applications commerciales ? Les IA sont-elles facilitatrices de transition écologique ? Doit-on freiner le rythme actuel ? Comment l’expérience client va-t-elle évoluer face au développement de l’IA conversationnelle ? Comment résoudre les questions d’interopérabilité ? Quels apports de ces technologies en pharmacologie ? Et pour le bien commun ? Et quelles IA, pour quelle éthique ? Parmi les intervenants, Yann Le Cun, Vice-President & Chief AI Scientist at Meta AI; Dafu Shi, directeur Cloud & AI Solution pour Huawei France ; Juliette Mattioli, Senior Expert IA pour Thales ; Jeremy Bassinder, Generative AI & watsonx leader IBM ; Caitlin Andersen, Vice-President Intel ; Nollie Maoto, Chief Data & Analytics Officer dans la First National Bank of South Africa ; Aayush Mudgal, Senior Machine Learning Engineer, Pinterest ; Shameer Khader, Executive Director Sanofi; Philippe Rambach, Senior Vice-President Schneider Electric. Un savant mélange de pensées stratégiques et opérationnelles.

L’écosystème azuréen à l’honneur

Maison de l’Intelligence Artificielle, Cluster IA, Institut EuropIA, INRIA, Communauté d’Agglomération de Sophia Antipolis, SICTIAM, CCI Côte d’Azur, Université Nice Côte d’Azur, Fondation Sophia Antipolis… L’écosystème maralpin était résolument à l’honneur pendant ces trois jours avec une animation continue proposée par la Maison de l’Intelligence Artificielle et l’Institut EuropIA. Parmi les thématiques abordées, les enjeux éthiques des intelligences artificielles, le datamining, l’informatique quantique, les liens IA – industries, les enjeux des Smart Cities et l’incontournable thématique de la cybersécurité. Entre l’Agora Alan Turing et l’espace « Côte d’Azur France, Terre d’IA », il a fallu bien cavaler…

26 startups azuréennes étaient présentes sur l’espace mis à disposition par le Département, une large majorité était issue de la technopole de Sophia Antipolis (18 sur 26). Par ordre alphabétique, AzurIA (IoT), CellEmax (biotech), Ezako (data), Fair Vision (sport), France Labs Datafari (data), Himydata (data), Incari Labs (HMI), iPepper (RH), Kheops (édition de logiciels), Kizwork (metavers), Moabi (cybersécurité), Mycophyto (agritech), MyHotelMatch (tourisme), Nodeus (silver economy), SequoIA Analytics (mobilité), Smartprofile (marketing), Somanity (biotech), Supponor (sport), TalentCoin (RH), TechNext (edtech), TidyUp Technologies (édition de logiciel), Uperia (e-commerce), VerbalIA (data), UnBias (data), Videtics (sûreté), NeuroPin (biotech). Des sociétés azuréennes plus matures ont évidemment aussi emprunté le chemin du salon. SAP Labs, Orange, Amadeus, IBM… Après tout, même les IA bitoubisent.

Le prix EuropIA – Maison de l’Intelligence Artificielle de la meilleure startup des Alpes-Maritimes a été décernée à la société Unbias, qui comme son nom l’indique s’attaque aux biais de langage et d’analyse. Daphné Marnat, CEO d’Unbias, a été récompensée par Isabelle Galy, directrice de la Maison de l’Intelligence Artificielle, et Marco Landi, président de l’Institut EuropIA, au nom de la mission d’intérêt général que poursuit UnBias. Vaste chantier en effet dans notre ère actuelle où tout devient matière à manipulation… Côté exposants, le prix du meilleur exposant a été remis à Lutech, entreprise italienne leader dans le domaine de l’innovation.

L’appel du 9 février…

C’est un ton plus politique qui a été donné par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique qui avait fait le déplacement et par la secrétaire d’État au Numérique, Marina Ferrari, tout juste nommée dans ses fonctions, la veille du Salon… Frugalité, éloge de l’open source, appel à une union européenne de capitaux, souveraineté technologique…

Pendant ce temps à Bruxelles, cet idéal de souveraineté est en train d’être vivement secoué. En abaissant le niveau d’exigence d’une certification européenne sur le cloud qui se veut protectrice, l’extraterritorialité de certain(s) va nous avaler…