L’IA entre en jeu et lance un nouveau défi au WAICF 2023  

L’IA entre en jeu et lance un nouveau défi au WAICF 2023  

 

De Chiara Sottocorona

Les algorithmes pourront-ils battre les humains, même au jeu des mots croisés ?

L’intelligence artificielle en tant que joueur a désormais une tradition : déjà avant l’année 2000, elle avait battu le champion du monde d’échecs Kasparov, la version la plus avancée de Watson IBM a ensuite remporté en 2010 le quiz télévisé Jeopardy aux États-Unis et en 2017 le système de Deep Mind (Google ) a battu par 3 à 0 Ke Jie, jusqu’alors le meilleur joueur de Go, un complexe jeu de stratégie chinois.

Le prochain défi entre agents intelligents artificiels et joueurs humains se tiendra au Waicf 2023 à Cannes du 9 au 11 février : il s’agira d’un concours de résolution de mots croisés et mettra en vedette WebCrow 2.0, un système multilingue de « résolution de mots croisés par l’IA » basé sur le PNL (traitement du langage naturel).

Développé par le SAILab de l’Université de Sienne, qui compte également 3IA Côte d’Azur parmi ses partenaires, il est né d’une idée de Marco Gori, professeur d’informatique à la Faculté d’ingénierie de Sienne, considéré comme l’un des meilleurs experts européens en Machine Learning. Dans cet entretien, il anticipe le projet qu’il présentera à Cannes.

Le prochain défi entre agents intelligents artificiels et joueurs humains se tiendra au WAICF 2023 à Cannes du 9 au 11 février

Q. Comment le concours de mots croisés sera-t-il organisé et quelles sont vos prévisions ?

 R. Le challenge se déroulera sur le web et l’inscription est déjà ouverte pour les participants. Cela nous permettra de tester pour la première fois la version française de WebCrow 2.0, car le système que on a devéloppé  a déjà pris en charge les compétitions en italien et en anglais.

Q. Et comment cela s’est il  passé ?

R. En Italie, l’intelligence artificielle est arrivée en tête du classement du concours organisé l’an dernier à Padoue. Alors qu’aux États-Unis, où il y a des joueurs experts et très passionnés, elle a été battue par l’un de leurs champions. On peut dire que jusqu’à présent, il a conquis les joueurs normaux, mais il ne peut pas toujours battre les vrais experts humains.

Q. Comment est né le WebCrown 2.0?

 R. Le projet est né il y a une dizaine d’années. Nous avions reçu une subvention de Google pour le développer, pour 140.000 dollars si je me souviens bien. Et déjà en 2007, notre système a remporté le premier test-concours organisé lors d’une conférence européenne sur l’IA. Nous avions acheté aux USA pour la première version, la version anglaise, de base de donnés de mots croisés avec des millions d’exemples sur lesquels entraîner le WebCrow, mais à l’époque il n’avait pas encore le potentiel qu’il a aujourd’hui.

Q. Comment a-t-il été développé en suite ?

R. Nous utilisons le GPT3 (Generative pretrained transformer), la dernière version du système de génération de texte d’OpenAI, ainsi que plusieurs autres modèles de langage naturel et en plus les agents intelligents que nous avons conçus spécifiquement pour résoudre les mots croisés. Un aspect important est que la « résolution » est combinée avec la « génération »: notre IA est également capable de générer des mots croisés thématiques. Et il s’entraînera dès le mois prochain dans le réseau que nous présenterons au Waicf.

Q. Une autre initiative ?

R. Oui, en plus du concours, le réseau WebCrow 2.0 sera lancé à Cannes et continuera d’exister. Nous voulons créer une sorte de « settimana enigmistica » (la révue italienne dediée au mots croisés et autres jeux d’enigmes)  multilingue, un réseau où des joueurs humains et des agents artificiels peuvent travailler ensemble pour résoudre, élaborer et créer de nouvelles grilles de mots croisés.

Q. Les rédacteurs de mots croisés actuels ne seront pas très contents… 

R. Ce n’est pas dit, ils pourront devenir de bons consultants. Je pense qu’avec le temps il sera de plus en plus difficile de comprendre si un mot croisé a été créé par un être humain ou par une intelligence artificielle.

Q. Les algorithmes sont très bons pour retravailler des données existantes qu’ils trouvent dans des millions d’exemples, mais il est difficile de croire qu’ils puissent être imaginatifs… la créativité est une prérogative humaine, ne croyez -vous pas ?

R. La dichotomie homme-machine n’est pas encore bien comprise. Il y a un aspect important à saisir: les systèmes d’intelligence artificiels sont conçus par des êtres humains et sont le prolongement de notre pensée, une projection cognitive. Il est vrai qu’ils n’ont pas l’expérience des vivants. Mais ils représentent un défi qui s’ouvre vers différents processus créatifs.

Q. Dans quel sens ?

R. Il ne fait aucun doute que l’imagination est en nous. Mais en même temps, c’est l’homme qui a créé les processus de calcul, les modèles d’interprétation cognitive, les schémas qui servent à développer et à planifier de nouvelles thèses. Ainsi les algorithmes ne se limitent pas seulement à pêcher dans les bases de données, mais deviennent capables de trouver et de présenter des aspects qui ne sont pas déjà écrits.

 

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