Le méta-univers à l’heure de l’IA générative

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Le méta-univers à l’heure de l’IA générative

Rédigé par Diana LANDI, notre experte IA & ART 

Le monde entier est un méta-théâtre. Alors qu’on le croyait mort, en 2023, le monde virtuel a continué de gagner du terrain et il aurait maintenant le potentiel d’atteindre une valeur de 5 milliard de dollars en 2030 selon le rapport publié par McKinsey « On the future of the metaverse ».

Le méta-univers, une nouvelle façon de travailler, de communiquer, d’apprendre, de jouer… en bref, une nouvelle manière de vivre.

Ce monde virtuel est un monde structuré et ouvert. Souvent traité comme synonyme de réalité virtuelle et/ou de réalité augmentée ce terme est flexible, destiné à inspirer des visions… Il est régulièrement utilisé pour décrire une version future d’Internet : le Web1 Web2 et Web3.[1]

L’origine du métavers a été possible grâce à des technologies et des interfaces qui permettent aux humains d’interagir avec d’autres de façon immersive et intuitive dans un environnement dynamique en temps réel.

Après 40 ans de télévision, de 1960 à 1999, deux phénomènes extraordinaires ont révolutionné nos vies du point de vue des médias : l’internet et le smartphone.

Nous passons de plus en plus de temps sur nos écrans.[2] Depuis l’arrivée des ordinateurs portables, des smartphones et des tablettes, nous avons commencé à vivre dans une réalité augmentée. Cette tendance, activée par la crise sanitaire, a rendu nécessaire ou incité les individus à passer plus de temps sur Internet. 

Nous avons appris à travailler à distance, à se parler via des applications, à participer à des événements culturels en ligne à défaut de pouvoir le faire en présentiel. Et ce phénomène s’est accéléré : nous sommes sollicités par plus d’applications et des possibilités techniques.

Au cours des dernières années, nous avons essayé de nouvelles expériences “immersives” en réalité augmentée et virtuelle. Ces réalités ont déjà aujourd’hui un impact très important dans l’entreprise et font partie de notre culture et de notre style de vie en ouvrant les portes à l’innovation.

Selon l’écrivain Daniel Ichbiah « le monde virtuel a le potentiel énorme de modifier la façon dont la communication entre les gens fonctionne. Il rendra le jeu plus réaliste et immersif, permettra aux consommateurs de tester les produits avant de les acheter, dans un environnement virtuel. Il nous permettra de voyager à travers le monde sans jamais avoir à quitter notre chambre – un peu comme ce que nous pouvons déjà faire avec Google Maps et Street Vue, mais de façon plus immersive et vivante, en compagnie d’autres personnes explorant le monde à côté de nous.[3]»

Les appareils qui gèrent la Réalité Augmentée et la Réalité Virtuelle deviendront communs presque comme les smartphones qui intègrent déjà de nombreuses fonctions du monde virtuel : nous sommes en train de migrer vers le Web3.

Quoi qu’il en soit, comme évoqué précédemment, le monde virtuel apporte des changements quasiment dans tous les domaines, formation, éducation, sport, santé, etc., tous sont concernés. 

 

Mais aujourd’hui, compte-tenu de l’adoption des nouvelles technologies, quelle sera l’influence du méta-univers sur le monde réel ?

[1] Depuis son apparition, le Web a connu plusieurs moutures. Le Web1.0 diffusait de l’information à l’internaute. Le Web 2.0 lui a donné un rôle plus actif comme avec les réseaux sociaux. Le Web 3.0, pour sa part, voudrait imposer un nouveau modèle potentiellement indépendant des grandes structures à la Google ou Facebook” Daniel  Ichbiah 

[2] Une étude américaine a montré que depuis le début de la pandémie, le temps passé devant l’écran a plus que doublé chez les 10-14 ans, passant de 3,8 heures/jour à 8 heures journalier. JAMA Pediatric, Janvier 2022.

[3] Daniel  Ichbiah Écrivain et journaliste, auteur de plusieurs biographies de personnalités high tech (Steve JobsBill GatesMark Zuckerberg…)

Les applications du méta univers aujourd’hui

Le méta-universe veut rassembler dans le monde virtuel un ensemble de services disponibles dans la vie réelle.

Se voulant immersif, cet univers est la porte d’entrée à des parcours d’interaction où se croisent commerces et marchés virtuels, divertissements, lieux de culture, tourisme, éducation, etc. Il n’est pas une rupture avec le réel, mais une continuité, une extension augmentée et virtuelle de nos activités réelles, son prolongement avec un autre format.

L’univers virtuel, par sa forte corrélation avec le monde du jeu vidéo (Fortnite, Minecraft, Roblox…), est fort présent dans l’industrie du divertissement, mais en utilisation croissante dans d’autres domaines comme le sport, la mode, l’immobilier, etc.

1. Le Metavers dans les îles Lofoten en Norvège : surveillance de la pollution maritime et préservation de la biodiversité

L’observatoire proposé et réalisé aux îles Lofoten en Norvège est un méta-univers de réalité mixte dédié à la surveillance et la maintenance des infrastructures sous-marines qui inclue l’IA, la robotique et les systèmes d’information pour la maîtrise de l’environnement.

Il permet de visualiser et de partager en temps réel des informations dans des zones difficiles d’accès et d’interagir avec cet environnement à l’aide de robots pilotés à partir d’un environnement virtuel immersif.

La visualisation et le contrôle des robots se fait avec des lunettes 3D en gardant les mains libres et de manière collaborative avec d’autres spécialistes.

Les mesures sont transmises au Cloud où une intelligence artificielle analyse les données en temps réel et permet de reconstruire l’environnement sous-marin pour assurer sa surveillance et le suivi des paramètres utiles à l’exploitation du site.

La vision tridimensionnelle de l’environnement permet alors à des opérateurs munis de lunettes 3D de piloter des robots sous-marins pour inspecter les installations et réaliser des opérations de maintenance.

Les meilleurs Technologies Sous-Marines pour la surveillance de la pollution maritime et la préservation de la biodiversité.

La surveillance de l’environnement sous-marin nécessite le déploiement de capteurs et d’infrastructures spécifiques dont le coût et l’impact sur la faune et la flore doivent être réduits. L’application cible des zones géographiques inférieures à 1km2 dans lesquelles les transmissions sans-fil de flux vidéo et de mesures sont prélevées par des réseaux de capteurs immergés à toutes les profondeurs.

Comment est créé cet environnement ?

Des capteurs et des robots sous-marins équipés de caméras numérisent la faune et la flore. Ces images d’animaux ou d’objets sont utilisées pour construire un modèle numérique en 3D des objets en haute résolution.

Ces objets sont ensuite positionnés dans la scène 3D qui est reconstruit en améliorant les rendus.

Une fois reconstruire l’utilisateur peut visualiser en temps réel des informations complémentaires et des mesures telles que la température, le taux d’oxygène dissous, l’acidité…

Le système permet de visualiser des environnements à plusieurs milliers de mètres de profondeurs.

2. Quelle est l’influence du métavers dans l’art ?

Le meta-univers dans l’art est un monde virtuel parallèle au monde physique, combinant la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Il permet ainsi s’abolir les dernières frontières qui se dressaient entre le monde physique et le monde numérique. Dans le domaine artistique, le virtuel nous ouvre un monde au possibilités infinies qui n’a de limites que l’imagination et les avancées technologiques humaines.

Étant donné qu’il requiert un équipement spécifique, dont un casque VR pour y accéder, son utilisation n’est pas généralisée pour le moment. 

Moya, artiste extraordinaire du Métavers

 

Patrick Moya, artiste-peintre, est l’un des pionniers du Métavers. Aussi à l’aise avec un pinceau qu’avec un ordinateur, il utilise aujourd’hui de manière optimale toutes les incroyables ressources de ce monde nouveau pour réaliser la construction d’un musée idéal, puis, à la manière d’un urbaniste, la construction d’une véritable ville, dotée de boutiques, vieux village, château, chapelle, hôpital, aéroport, tramway… 

Pour l’artiste, le metavers, grâce à une communication facile (traducteur automatique dans toutes les langues), permet de nombreuses opportunités : participer à d’innombrables expositions, vernissages, conférences, interviews et rencontres sans limites.

Dès 1985, Patrick Moya commence par écrire son nom en basic sur un ordinateur Thomson MO5, avant de numériser son petit “moya” (à l’origine un autoportrait caricatural peint mixé avec les attributs de Pinocchio), pour réaliser des images puis des films en 3D. En 2007, il investit le monde virtuel de Second Life (SL) où il s’est dédoublé. Il vit depuis lors, deux vies : chaque soir devant son ordinateur, tel un marionnettiste de lui-même, il revisite et remixe son travail réel, grâce à ce méta-univers qui lui offre la possibilité de faire connaître au monde entier son univers d’artiste de manière ludique et pédagogique.

Il a ainsi découvert le moyen idéal de retranscrire visuellement son travail “en arborescence”, qui part dans tous les sens. Il refuse de se limiter, touche à tous les médias, les styles, et les techniques… pour en faire une œuvre d’art globale. 

Art contemporain et art baroque au Palais Royal de Caserte

Palais royal de Caserte, salles baroques et exposition Moya 2019

Patrick Moya a réalisé une maquette 3D des salles baroques de la « Reggia Reale de Caserte »[1] pour préparer son exposition dans ce lieu unique  L’artiste a conçu à distance l’accrochage de ses tableaux en harmonie avec les fresques et les décorations baroque des salles du Palais. Le résultat : un dialogue extraordinaire entre tableaux anciens et une collaboration incroyable entre l’artiste et le curateur pour l’exposition de 2019 puis la conservation de cet événement re-visitable à l’infini.

[1] Le palais royal de Caserte( 1752) est le plus grand palais du monde et constitue une magnifique représentation de l’architecture baroque. Cette création de Luigi Vanvitelli a tellement révolutionné l’architecture mondiale qu’elle est le palais le plus copié au monde. 

Patrick Moya, Caserte, 2019
Projection du vernissage virtuel, Patrick Moya, Caserte 2019

 

Enfin, preuve de la grande disponibilité et générosité de Moya, l’organisation de visites guidées, en voiture ou avion virtuel… par l’artiste en personne. 

C’est la construction d’un monde idéal dans lequel l’artiste peut enfin, par le biais de son avatar, vivre à l’intérieur de son œuvre, tout en rencontrant son public en direct et à distance. Il ainsi poursuit son rêve ultime : vivre dans son œuvre de toutes les manières possibles… En attendant le jour où il pourra survivre (du moins son cerveau) pour l’éternité dans ce monde idéal.

Exterieur virtuel, Palais Royal « Reggia di Caserta », Patrick Moya, Caserte 2019

3. Le méta-univers et la photographie

TechnologIA, neurosciences et Art : la neuro-photographie esthétique

NEFFIE est un projet interdisciplinaire en constante évolution visant à explorer les possibilités offertes par l’application de l’intelligence artificielle au monde de la photographie et bien au-delà.

Il a pour but de créer un laboratoire expérimental dans lequel la photographie, les neurosciences, l’intelligence artificielle, la réalité augmentée, la réalité virtuelle, les NFTs et le métavers convergent.

NEFFIE, COFFIE, NEFTIE

 

Chaque jour, une réalité extraordinaire, pleine d’histoires et de détails inattendus, se déroule devant nos yeux. Notre regard distrait est incapable de saisir ces moments éphémères et temporaires, qui sont, au contraire, capturés dans une séance photo spécifique. Et, grâce à son regard personnel, chacun peut devenir le personnage principal de cette merveilleuse histoire créant un récit unique qui peut être partagé et ajouté aux autres sur une plateforme virtuelle et innovante.

 

Le point de départ est la vie réelle elle-même, capturée et photographiée par l’observateur – défini comme « auteur de premier niveau » – avec un appareil photo mobile ou tout autre dispositif. L’image NEFFIE, acronyme de « neuro-aesthetic photographie » est réelle. En effet, L’observateur doit se conformer aux normes écrites dans la déclaration de « L’intégrité de l’image » publiée par la WorldPress Photo Academy.

« Alma Water », Alberto Sanna

 

Ce qui apparaît comme étrange et illusoire est la photographie du reflet d’une surface, qui assemble différentes parties des champs environnants d’une manière éphémère appelée « méta-picture ». Cette méta-image est une façon multiforme, multifacette et articulée de regarder le monde, ce qui stimule le regard et l’esprit de l’observateur tout en activant son processus interprétatif complexe.

 

Chaque image est fondée sur un code visuel qui produit naturellement une « signification » accrue du monde, anticipant ce qui se produit, artificiellement, lorsque l’IA est utilisée. 

 

« Immanent Bystander », Alberto Sanna

 

La deuxième partie s’appelle COFFIE, l’acronyme de « Cognitive Photography ». Il s’agit essentiellement d’une photographie totalement unique et originale, produite par un « observateur secondaire ».

 

Le processus implique une plateforme technologique complexe où l’auteur de « second niveau » entre dans un photomaton et s’assoit devant un écran ; un technicien placera sur lui des biocapteurs et un dispositif de suivi des yeux pour surveiller ses réponses émotionnelles et cognitives à l’une des images de NEFFIE présentées sur l’écran. 

Pendant l’expérience, un algorithme d’IA traite les données et, après quelques minutes, le résultat de ce traitement est disponible sous la forme d’une autre photographie qui met en évidence les détails sur lesquels l’observateur s’est concentré, tandis que le reste de l’image est flou.

Cette image est le résultat concret et tangible d’une expérience neuro-esthétique.

Un univers virtuel en hommage à l’artiste Franco Vaccari

 

A la Biennale de Venise en 2022, est réalisé un hommage à l’action de l’artiste Franco Vaccari qui a démoli le statut de la photographie comme « imitation ou représentation » pour restaurer la nature critique du « fragment d’une expérience ». Le Photomaton avait toujours été un moyen de prendre une photo impersonnelle standardisée de l’utilisateur ; Franco Vaccari l’a transformé en un outil artistique qui émancipe les individus, donnant à chacun d’eux la possibilité de s’exprimer librement.

 

Si NEFFIE conserve l’intention initiale de Vaccari, il va plus loin, grâce aux possibilités offertes par les nouvelles technologies. La photographie cognitive est la représentation visuelle de ce que l’observateur voit et ressent face à une image. Chaque réaction individuelle est différente, car chacun a sa propre sensibilité, son histoire et son identité visuelle.

 

Grâce à la science et à la technologie, prendre une photo et l’observer deviennent des actions qui peuvent être partagées. La dernière partie du code visuel est donc consacrée à la dimension sociale de ce projet extraordinaire. Toutes les « métapictures » sont partagées sur le mur virtue

 

Cette plateforme originale favorise les interactions numériques entre galeristes, collectionneurs d’art, amateurs d’art et personnes intéressées. Elle permet également de créer un environnement dans lequel les gens sont en mesure de partager leurs expériences esthétiques personnelles et d’en parler, créant ainsi des liens et des connexions entre leurs identités cognitives.

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